
La Voie du Droit ? Vos papiers svp 🥸
• Titre original : 에스콰이어: 변호사를 꿈꾸는 변호사들 (Beyond the bar / Esquire)
• Genre/thème : juridique, romance, drame
• Année de diffusion : 2025
• Chaîne : JTBC / Netflix
• Nombre d’épisodes : 12
• Acteurs principaux : Lee Jin-wook, Jung Chae-yeon, Lee Hak-joo, Jeon Hye-bin
Après Delightfully Deceitful, que je n’avais pas trop aimé, j’étais assez peu enthousiaste à l’idée de me replonger dans un drama juridique. Mais comme le parti pris avait l’air vraiment différent, j’ai décidé de donner une deuxième chance au genre. Faites entrer l’accusé.
De quoi ça cause ?
Kang Hyo-min est une jeune aspirante avocate. Brillante étudiante, détentrice de prix d’éloquence, elle rejoint après un entretien plutôt chaotique le prestigieux cabinet Yullim, et plus particulièrement l’équipe « contentieux », dirigée par Yoon Seok-hoon. Passionnée par son métier, mais un brin distraite, ses débuts sont difficiles au sein de Yullim. D’autant que son chef, Yoon Seok-hoon, est intransigeant en matière de ponctualité et de rigueur. Mais Kang Hyo-min réussira petit à petit à se faire accepter au sein du cabinet grâce à sa perception fine des problématiques des clients, sa rhétorique bien construite, son infatigable sens du travail, et son intelligence. Ce duo principal est entouré de collègues plus ou moins expérimentés, qui viennent étoffer les épisodes, et notamment le duo d’avocats Heo Min-jeong et Lee Jin-woo, partenaires de longue date de Yoon Seok-hoon.

Comme souvent dans les dramas, les histoires se mêlent. Les affaires particulières des clients résonnent avec les histoires personnelles de nos protagonistes, et permettent en fonction des sujets, et d’en savoir plus sur le passé de nos personnages, et de voir l’évolution de leurs relations au sein de Yullim. Là où pour moi ça s’emmêle un brin, c’est quand est ajouté un autre niveau d’intrigue, avec une histoire de corruption au sein même du cabinet. On se retrouve avec l’affaire qui sera traitée au cours de l’épisode, plus des flashbacks ou des moments de relationnels, plus une intrigue interne de corruption. Pour moi, c’est un peu trop.
Ah zut ! Pourquoi ?
Eh bien parce que je trouve que la complexification des intrigues se fait au détriment des relations entre les personnages. Certains éléments, qui sont tout de même importants, passent un peu à la trappe ou sont balayés. Par exemple, on apprend que Kang Hyo-min a une sœur jumelle, muette, mais que celle-ci a été adoptée par leur tante alors qu’elles étaient enfants. Le traumatisme de cette séparation hante Hyo-min, et est à l’origine de sa profonde mésentente avec sa mère qui, pour elle, a abandonné sa fille parce qu’elle était en situation de handicap. Mais finalement, la sœur en question n’apparaît quasiment jamais dans la série, on pourrait presque l’oublier, et la relation avec sa mère s’améliore d’un coup d’un seul, au détour d’une affaire au tribunal que l’avocate défend, et pour laquelle sa mère l’aide.
Je trouve que ce schéma se répète un peu trop souvent. Les affaires au tribunal servent vraiment de prétextes, et ça se voit. Certains personnages arrivent comme des cheveux sur la soupe, sont exploités pour développer la relation principale ou le passé des personnages principaux, et ensuite sont évacués un poil trop rapidement à mon goût, sachant qu’ils sont censés être des éléments majeurs dans la vie de nos héros (je pense notamment aux deux petites sœurs de la collègue de Kang Hyo-min, ou encore à la fille de Heo Min-jeong).
Je ne suis pas non plus très fan du concept un épisode = un cas, qui, pour moi, fait encore plus ressortir l’aspect « prétexte » des cas, mais je reconnais que ça a le mérite de boucler une intrigue entière, et permet de balayer de nombreux sujets en peu de temps.

Car les clients qui viennent au cabinet Yullim présentent un panorama d’affaires diverses, et pour certaines, complexes. Les débriefs entre avocats, leurs plans d’attaque, permettent de voir un envers (romancé) du décor du métier d’avocat. D’autant que les scènes d’audience au tribunal sont sobres, et semblent plutôt réalistes. Tout comme les réactions des avocats à certains cas. En effet, ils restent humains, et ne peuvent pas toujours encaisser les histoires de ceux qui viennent leur demander de l’aide. J’ai trouvé cet aspect vraiment intéressant puisqu’il met parfois en contradiction l’humain et le professionnel, et interroge sur les convictions des individus. Peut-on renoncer à ses convictions pour se mettre au service d’une affaire à défendre ? Qui faut-il écouter ? Le client ou soi-même ? Ces questions sont aussi intéressantes pour le spectateur, puisque certaines affaires abordent des sujets « moraux » : mariage, parentalité, aide au suicide, maltraitance animale… Les thèmes sont vastes, et plutôt ancrés dans notre contemporanéité (j’ai regardé un drama juridique alors j’utilise des mots compliqués, j’ai le droit, et appelez-moi Votre Honneur à partir de maintenant). Les épisodes permettent d’ouvrir le débat, ou même de réfléchir à des situations très éloignées de nous, mais qui après tout, peuvent exister (bien qu’elles soient assez extrêmes dans la série)(enfin, il me semble)(et pour certaines, je l’espère).

Un autre point fort du drama concerne les personnages. Les personnages principaux sont bien développés, certains sont même assez charismatiques, et j’ai apprécié de voir des figures de femmes de pouvoir brillantes, reconnues pour leur travail et leurs compétences. Les comédiens sont bons, que ce soit Lee Jin-wook (que vous avez peut-être vu dans Squid Game), dans son rôle d’avocat inflexible qui réapprend à s’ouvrir aux autres, Jung Chae-yeon en aspirante avocate qui prend peu à peu de l’assurance au sein de Yullim, Jeon Hye-bin aux prises de décisions radicales qui se laisse attendrir, ou encore Lee Hak-joo (que j’avais déjà vu dans The Potato Lab) en collègue et ami de Yoon Seok-hoon. Ce dernier est d’ailleurs l’un des rares personnages à amener un petit peu d’humour. Car oui, ce drama n’est clairement pas une comédie ! Si vous voulez quelque chose de rigolo, vous n’êtes pas vraiment au bon endroit, regardez plutôt Mr Queen, ou It’s Okay to Not Be Okay !
Verdict Votre Honneur ?
La parole est à la défense :
« Ce drama propose de bonnes idées d’histoires, la mise en scène est impeccable, tout comme les décors, les costumes, ou les ambiances. Il propose une plongée dans le milieu des tribunaux coréens et une ouverture au système judiciaire intéressantes. Il permet également de voir quelles sont les réactions et les interrogations des Sud-Coréens face aux problèmes moraux évoqués dans la série, qui ne sont pas toujours très éloignés des nôtres, et permettent d’ouvrir le débat. »
Merci Maître. La parole est maintenant à l’accusation :
« Malheureusement, et malgré tous les éléments mentionnés par mon collègue de la défense, éléments que je ne réfute pas, je déplore le manque de profondeur des relations entre les personnages qui me semblent malheureusement plutôt superficielles. Je ne peux m’empêcher également d’être un peu mitigée sur le format un épisode = un cas, cas qui ressemblent parfois plus à des illustrations au service de l’intrigue qu’à des histoires à part entière, creusées et développées. On reste en surface, et c’est bien dommage. »
Merci. Les magistrats et les jurés vont maintenant se retirer pour délibérer.

Le verdict est le suivant : « Nous avons entendu les deux parties lors de ce procès, et pris en compte les différents éléments du dossier. A la lumière des arguments évoqués par la défense et l’accusation, il nous semble que La Voie du Droit est un drama intéressant à regarder, autant pour ses personnages bien travaillés, malgré le manque de liens entre eux, que pour sa vision moderne et diverse de la société sud-coréenne actuelle ».

La Cour a parlé !


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