
Record of Youth ? Vos papiers svp 🥸
• Titre original : 청춘기록
• Genre : mélodrame, romance
• Année de diffusion : 2020
• Chaîne : tvN / Netflix
• Nombre d’épisodes : 16
• Acteurs principaux : Park Bo-gum, Park So-dam, Byeon Woo-seok
Alors, par quoi commencer cette critique…
Par l’histoire ?
Bonne idée, heureusement que vous êtes là, chers lecteurs et lectrices. Record of Youth raconte l’histoire de Sa Hye-jun, vingtenaire, mannequin et aspirant acteur. Issu d’une famille pauvre, il s’accroche à ses rêves contre l’avis de ses parents qui préféreraient lui voir embrasser une carrière plus stable, à l’image de son grand frère qui travaille dans une banque. La seule personne qui le soutient est son grand-père, mais il n’a pas grande crédibilité au sein de la famille, n’ayant pas été un père très attentif, et n’ayant pas réussi à mettre de l’argent de côté lors de ses années d’activité.
Sa Hye-jun a deux meilleurs copains d’enfance, dont l’un, Won Hae-hyo, est son concurrent direct, puisqu’il évolue également dans le milieu du spectacle. Et contrairement à Sa Hye-jun, Won Hae-hyo vient d’une famille riche et peut compter sur le soutien sans faille de sa mère pour l’aider dans sa carrière. Néanmoins, les deux garçons essaient de s’entraider, et restent loyaux l’un envers l’autre. Le troisième larron, Kim Jin-woo, est un peu moins présent.

Sa Hye-jun, contre l’avis de sa famille donc, s’accroche à son rêve mais sa carrière ne décolle pas, et il enchaîne les petits boulots (notamment serveur dans un Subway, placement de produit habile). Contrairement à son poto Won Hae-hyo, qui voit sa popularité monter en flèche. Des milliers de followers sur Instagram, des rôles dans des publicités ou des séries, Won Hae-hyo a le vent en poupe. Ce qui rend sa mère très fière de lui. De lui, mais aussi d’elle-même. Car sans que son fils ne soit au courant, c’est elle qui use de ses relations pour réussir à placer le jeune homme et lui obtenir ces contrats. Elle a décidé que son fils deviendrait une star, et elle se plie en quatre pour arriver à ses fins, utilisant contacts et argent pour lui offrir une place de choix dans le monde du divertissement.

Revenons à Sa Hye-jun. Mannequin pour des défilés de mode, il a quand même un petit groupe de fans. Et parmi eux, une maquilleuse du nom de Ahn Jeong-ha. Celle-ci travaille pour un salon de beauté, où vont justement se rendre Sa Hye-jun et Won Hae-hyo pour se faire maquiller avant un tournage. Le hasard fait bien les choses, tout de même.

Voilà, nos trois personnages principaux se sont rencontrés, l’histoire peut réellement commencer.
Et autant vous dire que ça commence rapidement car dès cette première rencontre, Ahn Jeong-ha se fait humilier par sa vilaine supérieure qui l’accuse de lui voler ses clients. Le tout devant nos deux garçons. Ahn Jeong-ha s’isole pour réfléchir avec amertume à la méchanceté de sa collègue, et paf, Sa Hye-jun débarque. LE HASARD FAIT BIEN LES CHOSES, TOUT DE MÊME. Comme il est super sympa, empathique et d’un contact très facile, les numéros de téléphone sont échangés, emballé c’est pesé.
Bon, Sa Hye-jun et Ahn Jeong-ha vont se rapprocher petit à petit jusqu’à sortir ensemble, sous le regard un peu jaloux de l’ami Won Hae-hyo, qui se rend compte qu’il tombe, lui aussi, amoureux d’Ahn Jeong-ha. Et vous avez là un bel exemple de la figure géométrique préférée des dramas : le triangle (amoureux). Surtout qu’en parallèle, les rapports commencent à s’inverser pour les deux amis : Sa Hye-jun voit sa carrière exploser et il se retrouve propulsé superstar du jour au lendemain grâce à un rôle dans une série, tandis que celle de Won Hae-hyo s’enlise.

Mais la célébrité peut devenir un fardeau, et la relation entre Sa Hye-jun et Ahn Jeong-ha en pâtit. Finie la liberté, les deux tourtereaux ne peuvent plus s’afficher au grand jour, et le planning de Sa Hye-jun est si rempli qu’il ne lui reste que peu de temps à consacrer à sa dulcinée. Cerise sur le gâteau, une journaliste avide de scoop écrit des articles médisants sur Sa Hye-jun, ajoutant une pression supplémentaire, faisant chuter sa côte de popularité et son image de marque. Ahn Jeong-ha, délaissée, croit néanmoins en la force de son amour pour Sa Hye-jun. Elle peut aussi compter sur l’amitié de Won Hae-hyo qui met ses sentiments au second plan pour soutenir la jeune femme et l’aider à développer son propre rêve à elle. En effet, son objectif est d’ouvrir son studio de maquillage, et de démissionner du salon de beauté (et pouvoir dire ciao à la méchante collègue !).
Est-ce que ces trois jeunes gens réussiront à accomplir leurs rêves ? Voilà en somme ce que raconte ce drama.
Oh, ça a l’air sympa !
Oui, effectivement, ça en a l’air. Mais je vous le dis tout de suite : je n’ai pas vraiment apprécié ce drama.
Flûte. Pourquoi ?
Je vais commencer par ce que j’ai aimé, ça va être rapide.
Ce qui était chouette :
- Ce drama offre une vision plutôt réaliste du découragement que l’on peut ressentir lorsque l’on voit ses tentatives rester infructueuses. Honnêtement, et je pense que c’est ce que j’ai préféré, voir Sa Hye-jun s’interroger sur ses choix, tenir bon, flancher par moments, et finalement concrétiser son rêve a été la partie la plus réaliste, de mon point de vue. Il offre également une plongée dans ce que peut être le poids de la célébrité et ses conséquences, j’ai trouvé intéressant de voir l’envers du décor, évidemment moins joyeux que l’on peut l’imaginer. L’aspect médiatique est aussi abordé via la journaliste, poussée par son journal à écrire des articles à charge sur Sa Hye-jun, parce qu’en effet, c’est ce qui fait vendre. Une réflexion plutôt lucide sur l’utilisation sensationnaliste des événements par les médias, certains ne s’embarrassant pas de la véracité des informations, préférant le profit à l’honnêteté.
- L’amitié est aussi mise en avant. Le héros a des amitiés solides, et c’est toujours agréable de voir des gens qui s’entendent bien malgré les péripéties qu’ils traversent. La relation entre les deux garçons, Sa Hye-jun et Won Hae-hyo, est assez belle, puisqu’ils évoluent dans le même milieu, peuvent ressentir un peu d’envie en voyant les progrès de l’autre, mais gardent toujours un amour réciproque qui résiste aux aléas de leurs chances ou déconvenues respectives. J’aime à penser aussi que Won Hae-hyo devient un vrai ami pour Ahn Jeong-ha, et qu’il l’aide parce qu’il veut réellement le faire, pas uniquement parce qu’il est amoureux d’elle et veut la séduire. Dommage que Won Hae-hyo soit un peu effacé au bout d’un moment en revanche, on ne le voit plus beaucoup.
- La relation entre Sa Hye-jun et sa manager est assez sympa. Elle lui apporte un soutien sans faille, et est la première à croire en lui. Ce personnage est très sympathique, et bien qu’un peu débordée par moment, elle essaie de toujours faire au mieux, en restant honnête dans un milieu de requins. Elle prend parfois des décisions discutables, mais on ne peut pas remettre en question son intention, qui est de protéger Sa Hye-jun.
- Comme souvent, j’ai bien aimé les mères. Les deux mères mises en avant sont bien différentes : Han Ae-suk, la mère de Sa Hye-jun, travaille comme femme de ménage, justement pour la mère de Won Hae-hyo, Kim Yi-young.
Han Ae-suk travaille pour aider à subvenir aux besoins de sa famille. Elle est inquiète par rapport aux choix de son fils, mais décide de finalement le soutenir, contre l’avis de son mari. Kim Yi-young, elle, est prête à tout pour soutenir son fils. Elle le contrôle par contre, et considère qu’il lui appartient. La réussite de son fils, c’est sa réussite à elle.
Les deux femmes ont un point commun, celui de ne pas être soutenues par leur mari et de ne pas entretenir de très bons rapports avec ceux-ci. Han Ae-suk a un mari colérique, qui critique vraiment tout. Kim Yi-young quant à elle, a un mari peu présent, qui ne lui demande que des comptes-rendus presque chiffrés de l’évolution de la carrière de leur fils. On sent néanmoins moins de pression chez Han Ae-suk, alors que Kim Yi-young semble vers la fin au bord de l’implosion. J’ai trouvé dommage que son personnage ne soit pas plus développé, parce que l’on sent une réelle détresse chez elle, que l’on ne fait que deviner. Elle, qui est tant dans le contrôle d’elle-même et des autres, semble réellement au fond du gouffre lorsque la carrière de son fils stagne, et j’aurais aimé voir son personnage perdre les pédales encore plus.

- Les comédiens sont bons, vraiment, rôles principaux comme secondaires. Au début, je n’étais pas convaincue par l’actrice qui joue Ahn Jeong-ha, mais je pense que c’est parce que la romance elle-même ne m’a pas convaincue. Hors romance, elle est très bien (j’ai réalisé après que c’était Park So-dam, l’actrice de Parasite, dans lequel elle joue très bien. Je suis donc persuadée que c’est son rôle de petite amie qui ne lui va pas, et qu’elle est bonne comédienne au demeurant).
- Et enfin, l’homosexualité ! Un des personnages très secondaires est homosexuel, et les médias le lient à Sa Hye-jun, dans une volonté de lui nuire. J’ai aimé que les personnages principaux ne considèrent pas l’homosexualité en elle-même comme le problème, mais bien sa récupération à des fins calomnieuses. On le sait, mais les dramas ne le savent pas tous encore, donc un bon point pour Record of Youth.
Ce que je n’ai pas aimé :
Eh bien un peu tout le reste.
- On nous vend une romance entre Sa Hye-jun et Ahn Jeong-ha. Elle arrive très rapidement, évolue très rapidement aussi, et est éclipsée tout aussi rapidement par le démarrage de la carrière de Sa Hye-jun. Autant dire qu’elle me semble très artificielle, et je n’ai pas vraiment compris comment ils étaient tombés amoureux ces deux-là. Je ne trouve pas leur relation très crédible, et malgré tout le talent des comédiens, je n’y ai pas cru.
- Ensuite, et c’est quand même ce qui m’a posé le plus problème, Record of Youth m’a fait penser à un listing de quasiment tous les clichés que l’on peut trouver dans les dramas. Je ne dis pas que les thématiques abordées ne sont pas originales, mais j’ai reconnu beaucoup d’ingrédients qui reviennent souvent, et ça m’a un peu gonflée. D’ailleurs, ça m’a inspirée un joli « bingo des dramas », que je vous partage ci-contre :

Alors il n’y a pas tout dans Record of Youth (heureusement !), mais il y en a quand même un paquet. Et c’est un peu lassant.
- Par conséquent, beaucoup de choses sont prévisibles dans ce drama, ce qui fait que j’ai perdu de l’intérêt pour les histoires de nos héros. D’ailleurs, tout est un peu centré sur la carrière de Sa Hye-jun, et finalement le reste se retrouve en arrière-plan. Je n’ai pas bien compris l’évolution des personnages, je l’ai trouvée artificielle aussi, comme l’histoire d’amour. J’ai lu dans certaines critiques que ce drama reprenait des éléments de la vraie vie du comédien qui incarne Sa Hye-jun, Park Bo-gum. Mais moi, je ne la connais pas sa vie, donc ça ne m’a pas touchée plus que ça. Et je ne considère pas qu’il faille connaître la vie des comédiens pour apprécier le drama dans lequel ils jouent.
- Je trouve que le drama oscille entre une volonté de réalisme (échecs, pauvreté, inégalités sociales, conscience de classe…) et cette part de magie que doit contenir un drama (résolution heureuse des problèmes).
On comprend que Sa Hye-jun ne peut compter que sur lui-même pour réaliser son objectif (réalisme), mais il tombe sur la femme qui deviendra sa manager, qui croit en lui dur comme fer et qui sera le levier pour démarrer sa carrière (magie du drama).
Le grand-père, qui soutient son petit-fils et essuie les reproches de son propre fils car il n’a pas réussi à mettre de l’argent de côté et vit avec son fils et sa belle-fille (réalisme) devient mannequin senior à succès et gagne de l’argent en faisant des publicités, argent qu’il donne à son fils (magie du drama).
La journaliste écrit des articles à charge sur Sa Hye-jun pour faire vendre (réalisme), mais apprend en une seule conversation que sa motivation pour nuire à Hye-jun était basée sur de fausses infos (magie du drama).
L’issue de l’histoire d’amour tend au réalisme aussi, mais comme elle m’a semblé fausse depuis le début, j’ai du mal à y croire.
Pour moi, l’équilibre n’a pas été trouvé, l’écart est trop grand, trop distendu, entre cette volonté de raconter des choses vraies, et cette part de « finalement tout s’arrange », qui est la part de fantasme que procure aussi un drama. Et qui est aussi une des raisons pour lesquelles on en regarde. Ce genre a des codes, comme tous les genres d’ailleurs, qu’on s’attend à retrouver, l’originalité venant de la manière dont sont traités ces codes. Ici, j’ai retrouvé les codes, mon attente est donc satisfaite, mais je les ai trouvés introduits de manière maladroite, mon attente est donc déçue. Et j’aime que le réalisme prenne place dans un drama, qui, de par ses codes, ne l’est pas. Mais il faut que ces deux éléments antinomiques (réalisme et ce que j’appelle « magie du drama ») soient joints avec subtilité pour que l’ensemble soit crédible. Comme des lais de papier peint, vous voyez ? Il faut que les lais soient précisément ajustés, sinon on voit l’écart entre les deux, le motif n’est pas régulier et ça fait moche : le motif de fleurs est tout décalé, la panthère a un œil qui dit crotte à l’autre, bref, ça ne marche pas. Eh bien c’est ce que j’ai ressenti dans Record of Youth : je vois trop les jointures.
Alors on regarde ou pas ?
Très sincèrement, ne regardez que si vous êtes inconditionnels des acteurs qui jouent dedans. Les comédiens sont vraiment bien. Park Bo-gum (qui joue dans La vie portera ses fruits, un excellent drama pour le coup), Park So-dam (hors romance), et Byeon Woo-seok, ainsi que les acteurs secondaires, sont tous très convaincants. Mention spéciale à Seol In-ah, qui se trouve là dans le rôle un peu nullos de l’ex qui revient à la charge mais finalement aide le héros et s’efface (réalisme/magie, vous l’avez ?), que j’ai toujours plaisir à voir. Mais que voulez-vous, j’ai fait sa connaissance dans Mr Queen, et j’ai tellement aimé ce drama que j’ai plaisir à en revoir les comédiens. Il y a quelques cameos de comédiens aussi, je ne vous dis pas lesquels, histoire que vous soyez surpris par leurs apparitions à défaut de l’être par les événements du drama.
A part ça, si vous voulez voir une relation brisée par la célébrité, je vous conseille plutôt de vous pencher sur « True Beauty » (le webtoon, pas le drama, qui a quasiment effacé cet aspect-là dans son adaptation à mon grand désarroi).
Une petite déception donc que ce Record of Youth, ces « archives de jeunesse », qui ne resteront pas dans les miennes…



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