Boys Over Flowers : je t’aime, moi non plus

L'affiche du drama coréen Boys over Flowers

Boys Over Flowers ? Vos papiers svp 🥸

Titre original : 꽃보다 남자
Genre/thème : romance, comédie, école, harcèlement
Année de diffusion : 2009
Chaîne : KBS / Netflix
Nombre d’épisodes : 25
Acteurs principaux : Koo Hye-sun, Lee Min-oh, Kim Hyun-joong, Kim Bum, Kim Joon

Boys Over Flowers (souvent abrégé en « BOF », ce qui, pour nous francophones, n’est pas très attractif, vous en conviendrez) est un drama sorti en 2009. Je dis « un » drama, mais je devrais dire « LE » drama, puisqu’il a eu un succès considérable en Corée et au-delà, et est souvent cité comme le 1er drama vu, comme une référence, un « classique », celui qui a été la porte d’entrée au genre, et qui a boosté la diffusion de la Hallyu à travers le monde. Oui, quand même.

J’ai aussi lu qu’il avait conditionné de nombreuses situations reprises dans d’autres dramas, et que les personnages ou les situations créés dans Boys Over Flowers sont devenus par la suite des « standards ». Ça, et son statut d’icône, ont attisé ma curiosité. Sinon, je pense que je ne l’aurai pas regardé, parce que, et je ne sais pas trop pourquoi, je ne voulais voir que des dramas récents. Et là, 2009, j’avais peur que ça soit un peu daté, ou un peu « moche » en terme de réalisation. Eh bien je n’ai pas été déçue, parce que c’est effectivement le cas !

L’article est long, il y a finalement beaucoup à dire sur ce drama (il y a 25 épisodes, donc forcément !), dans lequel on trouve du bon, et du vraiment moins bon. Mais commençons par le commencement :

De quoi ça cause ?

Geum Jan-di (Koo Hye-sun) est une jeune fille d’origine modeste (ses parents tiennent un pressing), qui se retrouve catapultée dans une école très très élitiste, après avoir sauvé in extremis l’un de ses élèves du suicide – il était la cible de harcèlement scolaire (oui, ça c’est l’ambiance des premières minutes). Elle rattrape le jeune homme au vol alors qu’elle venait lui livrer son linge, et pour lutter contre la mauvaise presse, l’école très très élitiste lui propose d’intégrer une classe. La voilà donc élève de la prestigieuse école Shinhwa.

Commence pour Jan-di une scolarité plutôt chaotique au sein de la très haute classe coréenne. Ne venant pas d’une famille riche, elle est moquée, en particulier par un groupe de trois filles plutôt hautaines, et peine à se faire des amis. Elle réussit quand même à se faire une copine, mais surtout elle fait la connaissance du … roulement de tambours… F4 !

Alors, le F4, qu’est-ce que c’est ? Eh bien c’est tout simplement un groupe de quatre garçons hyper riches qui fait la loi à l’école. Voilà, donc le 4, c’est parce qu’ils sont 4, et le F, c’est pour « flower », puisqu’ils sont beaux comme des fleurs. Enfin, selon les critères de 2009, parce que j’avoue que bon, les modes passent, et parfois ça n’est d’ailleurs pas plus mal (ahem les coupes de cheveux de l’enfer). Tout le monde se pâme lorsqu’ils font leur entrée, les filles sont folles d’eux, les garçons les admirent, on les vénère et on les craint.

« Les 4F !! C’est les 4F !! » BOUM, chute d’une fille en pâmoison

Jan-di réalise que ces F4 sont les rois du lycée, et que ce sont eux qui désignent les victimes de harcèlement. Sous leurs apparences opulentes et parfaites (pour 2009 hein toujours), ils semblent assez cruels, en particulier, le chef de la bande, Gu Jun-pyo (Bouclettes, celui à la permanente). Jan-di est écœurée par le comportement de ces quatre garçons nés avec une baguette en argent dans la bouche, et essaie de ne pas se trouver sur leur chemin. Mais malheureusement, aïe aïe aïe, sa copine de l’école fait tomber sa glace sur la chaussure de Gu Jun-pyo et c’est un drame, vous vous en doutez bien. Bouclettes est colère, Jan-di prend la défense de sa copine, c’est la baston, et qui est-ce qui trouve dans son casier la carte rouge ornée d’une tête de mort, signe d’une nouvelle cible de harcèlement ? Oui, vous l’aurez deviné, c’est notre héroïne.

Jan-di se retrouve over-harcelée par toute l’école, c’est vraiment atroce. La seule personne à lui tendre la main, c’est tout de même l’un des membres du F4, Yoon Ji-hoo, qui admire son courage, et le fait qu’elle se dresse contre Gu Jun-pyo-Bouclettes. Ou alors il est juste amusé, on ne sait pas trop.

Au sein du groupe, c’est le musicien-poète-mélancolique (il a hérité de la coupe de cheveux casque décoloré). Il ne parle pas beaucoup, il est assez solitaire, assez mystérieux, et il joue du violon au milieu des arbres. Voilà le topo.

Il lui tapote la tête quand elle enrage à cause de la suffisance de Gu Jun-pyo-Bouclettes, essuie ses larmes avec son mouchoir brodé en satin, la réconforte un tantinet, sans pour autant mettre un terme à son harcèlement.

De fil en aiguille, Gu Jun-pyo-Bouclettes, le chef de bande, va tomber sous le charme de Jan-di, la seule à lui tenir tête, mais elle, dans un premier temps, craque pour Yoon Ji-hoo-Le violon. Qui tombera à son tour amoureux d’elle, mais trop tard, car elle sera finalement séduite par Gu Jun-pyo, qui s’est plié en quatre pour trouver grâce à ses yeux. Bon, comme Yoon Ji-hoo et Gu Jun-pyo sont BFF depuis la maternelle, ça va évidemment créer des tensions.

Car oui, évidemment, vous l’aurez reconnu, c’est bien lui, le célèbre « triangle amoureux » ! Un thème ma foi plutôt très exploité dans les k-drama, et souvent annonciateur de situations compliquées. Nous n’échapperons pas à la règle ici : effectivement, ça sera compliqué.

A cela s’ajoute la mère de Gu Jun-pyo, qui s’avère être assez redoutable. En effet, Bouclettes est l’héritier de Shinhwa, qui, en plus d’être une école très très élitiste, est aussi un énorme conglomérat super puissant (le retour du chaebol, voir l’article sur Queen of Tears pour plus d’infos à ce sujet). Et la mère de Bouclettes ne voit pas d’un très bon œil que son fils fricote avec une parvenue.

Elle va donc mettre des bâtons dans les roues de notre couple en devenir, mais genre des super bâtons, des bâtons de personne très riche et très puissante.

Elle assigne son fils à résidence (la porte de sa chambre est gardée), elle force la famille de Jan-di à fermer leur pressing, elle fait détruire l’immeuble où Jan-di habite… Bref, elle aussi se plie en quatre (c’est de famille), mais pour les faire rompre.

Et hop, un joli graphique pour mettre des visages sur ces noms. Laissez-moi vous dire que je me suis fait plaisir sur le design.
Un clic, et une fenêtre s’ouvre par magie pour voir en plus grand. Ce sont plus ou moins les liens de départ, histoire de ne pas tout spoiler.

J’ai sorti ma plus belle police Comic Sans et mes effets néons !

Jun-pyo et Jan-di réussiront-ils à vivre leur amour ? Ou Jan-di tombera-t-elle dans les bras du taiseux-mais-attentionné Yoon Ji-hoo ? Gu Jun-pyo et Yoon Ji-hoo pourront-ils rester amis ? Qui sont les deux autres membres du F4 dont nous n’avons pas encore entendu parler, sont-ce de vraies personnes ou d’étranges tapisseries aux cheveux hirsutes ? Et réussirez-vous à aller au bout des 25 épisodes d’une heure chacun, alors que s’enchaînent les situations les plus rocambolesques ?

Moi, j’ai réussi, mais je reconnais que j’ai failli abandonner. J’avoue que j’ai eu un peu de mal avec les premiers épisodes, et voici pourquoi.

Les drapeaux rouges 🚩 (« attention chérie, ça va spoiler »)

Voici une liste de trois éléments qui, pour moi, sont problématiques.

🚩 La violence

J’ai été surprise du niveau de violence du harcèlement scolaire. Le premier élève, celui qui est sauvé par Geum Jan-di, est montré le visage en sang, et s’apprête quand même à sauter du toit de l’école, sous le regard (et les téléphones à clapet) des autres élèves. Aucun ne bouge le petit doigt évidemment. Lorsque c’est au tour de Jan-di d’être harcelée, cela prend des proportions assez graves : on dirait qu’elle va se faire agresser sexuellement à la fin de l’épisode 1 (elle est dans le vestiaire de la piscine, trois garçons s’approchent dans l’obscurité alors qu’elle est en train de se rhabiller, et la mettent par terre, elle se débat, elle crie, ils la maintiennent au sol, et paf, c’est coupé par le générique de fin super entraînant, la rupture est assez bizarre. Elle sera sauvée par Yoon Ji-hoo heureusement qui fera fuir les agresseurs), elle se fait déplacer son bureau, voler ses affaires, elle sera couverte de farine, elle se prendra des bombes à eau, se fera asperger de neige carbonique, son vélo sera brûlé… Bref, c’est chaud, et personne n’est puni ou sanctionné pour ces comportements. (D’ailleurs, il n’y a ni professeur, ni surveillant dans cette école. Le budget était sûrement entièrement parti sur le fer à friser de Bouclettes, plus possible d’embaucher des comédiens supplémentaires.)

La violence apparaît aussi dans le comportement de Gu Jun-pyo. Je pense qu’il a un vrai problème de gestion de la colère ce garçon, il règle les situations à coups de poing, sans explication la plupart du temps. Même en étant amoureux de Geum Jan-di, il lui parle toujours de manière dépréciative, et finalement, assez violente. Quand il veut l’emmener quelque part, on dirait qu’il la kidnappe, il la tire par le bras, ou la balance dans une voiture. Au début, elle lui tient tête, mais ensuite, plus tellement. En règle générale, j’ai trouvé que la majorité des personnages passait son temps à se crier dessus, ou à s’insulter. Qu’ils soient amis ou pas, qu’ils se disent des choses importantes ou pas, ça passe par les cris.

Ceci étant dit, Boys Over Flowers est adapté d’un manga shōjo (= manga qui cible un public féminin, adolescent ou jeune adulte) qui a eu énormément de succès et a été adapté de nombreuses fois. Et il semble que la violence soit déjà présente.

Donc là, c’est le personnage de Gu Jun-pyo qui met une claque à une fille. Je n’ai pas lu le manga, publié entre 1992 et 2003. Si vous souhaitez en savoir plus, voici un article en anglais sur le sujet (d’où est tirée cette capture d’ailleurs), et Wikipédia y consacre une page. Pour info, ça a eu tellement de succès que le manga a même été adapté en jeu vidéo. Le but ? Essayer de sortir avec un membre du F4 ! Ça annonce beaucoup de fun.

🚩 La famille de Geum Jan-di

La famille de Geum Jan-di se compose de ses deux parents, et de son petit frère.

Alors, comment dire. Je les ai trouvés horribles. La mère travaille à l’accueil d’un sauna, le père tient le pressing, le fils est à l’école primaire. Ils sont pauvres à priori, en tout cas, décrits comme tels. Et c’est sûr qu’à côté des manoirs des élèves de l’école Shinhwa, leur maison apparaît un brin pouilleuse. Mais jusque là, tout va bien. Ce qui m’a gênée, c’est qu’ils sont hyper âpres au gain. A partir du moment où ils se rendent compte que Gu Jun-pyo en pince pour leur fille, ils vont la pousser à sortir avec lui, sans même lui demander si elle en a envie ou pas. Ils disent clairement que c’est inespéré pour elle, et que lorsqu’elle sera de la famille de ce riche héritier, ils n’auront plus à s’en faire pour l’argent. Sa mère va même lui dire de prendre plus soin d’elle, de se maquiller, de perdre du poids. Avant qu’elle ne sorte pour rejoindre Gu Jun-pyo, ils vont (oui, même le petit frère) l’encourager à raccourcir sa jupe. Et vraiment, ça n’est pas parce qu’ils trouvent Gu Jun-pyo sympathique, du moins dans un premier temps, mais parce qu’il représente la poule aux œufs d’or. D’ailleurs, quand Jan-di se fait courtiser par Yoon Ji-hoo, ça leur va aussi. Le prétendant est interchangeable, tant qu’il est riche.

Je ne parle pas du père qui contracte des dettes, et qui met tout le monde dans la mouise, ça n’est pas le premier personnage de père craignos.

Heureusement, à partir du moment où ils ont des ennuis graves, ils sont plus sympathiques. Déjà, ils déménagent, donc on les voit moins et ça j’ai bien aimé, les parents prennent leurs responsabilités, et ensuite, on peut voir une réelle dynamique familiale plus bienveillante, et j’avoue, ça fait zizir.

🚩 La trahison amicale

Il y a deux trahisons amicales dans Boys Over Flowers. L’une concerne Yoon Ji-hoo : il sait que son meilleur ami est amoureux de Jan-di, mais il va quand même essayer de la séduire. Bon, c’est pas cool, mais à la rigueur, ils règlent ça entre eux. La trahison amicale qui est, pour moi, plus problématique, c’est celle de l’unique amie de Jan-di à l’école, Oh Min-ji.

Jan-di et Oh Min-ji sont super copines, elles s’adorent, Jan-di prend la défense de Min-ji face à Jun-pyo, elles s’échangent des cadeaux, elles mangent ensemble, tout baigne. Sauf qu’au fur et à mesure que Jan-di se rapproche de Jun-pyo, on sent que la copine n’est pas très à l’aise. Un soir, elles sortent ensemble, et vont danser. Jan-di n’est pas vraiment dans son élément, sa copine s’égaie sur le dancefloor en compagnie d’un joyeux luron. Jusqu’à ce que Jan-di, son verre de jus de fruit à la main, sorte prendre l’air, et tombe sur un pseudo sosie de Yoon Ji-hoo, un musicien mélancolique qui lui joue un morceau de guitare. Et là, paf, elle tombe dans les pommes. Elle se réveille le lendemain dans une chambre inconnue, avec un message écrit au rouge à lèvres sur le miroir : « merci pour hier soir ». Hyper chelou. Elle s’habille vite fait, ne comprend pas ce qu’il lui est arrivée, et va à l’école. Et là, sur un écran dans le hall de l’école, sont diffusées des photos de Jan-di dans un lit avec l’homme à la guitare torse nu. Elle est accusée de tromper Jun-pyo, d’être « facile », bref c’est un scandale. Jun-pyo arrive sur ces entrefaites, voit les photos, enrage. Et dit à Jan-di, malgré qu’elle clame son innocence : « C’est le genre de femme que tu es ? Si on a essayé de te piéger, tu es le genre de fille à tomber facilement dans le piège ? ». Bam. Jan-di s’en prend plein la figure, alors qu’elle est victime.

Finalement, les deux autres membres du F4 (les tapisseries hirsutes) vont éclaircir l’affaire (à la base, pas tant pour aider Jan-di mais plutôt parce que Jun-pyo est tellement en colère qu’il pourrait péter un plomb à tout moment), et on apprendra que c’est donc Oh Min-ji, l’amie de Jan-di qui a tout manigancé. Elle est amoureuse de Jun-pyo depuis l’enfance, et ne supporte pas de le voir amoureux de Jan-di, malgré qu’elle soit son amie. L’amitié entre les filles est évidemment rompue, et Oh Min-ji quitte l’école. Il y a quand même une scène touchante avant son départ, où l’on comprend que l’amitié est brisée, mais qu’elle aura tout de même été significative pour les deux filles. Mais même si tout le monde s’excuse, l’histoire est quand même sacrément traumatisante et révoltante. Et se termine un peu trop facilement à mon goût.

🚩 Les coupes de cheveux

Non, je plaisante, ce n’est pas un red flag. C’est juste moche.

Et sinon euh… y’a des trucs cools ?

Un peu, heureusement d’ailleurs.

Les coupes de cheveux (si, c’est un running gag)

En fait, c’est moche, mais c’est drôle. Et surtout, ça nous rappelle que Boys Over Flowers a été tourné en 2009. En 15 ans, la manière de filmer, les sujets traités, et les enjeux ont considérablement changé, et c’est tant mieux. D’ailleurs, même l’image fait un peu vieille. Les technologies ont évolué, et la différence est vraiment flagrante. En ce qui me concerne, ça m’a permis de prendre de la distance, et de comparer avec des dramas plus récents. Oui, en effet, certains sujets ne seraient plus « montrables » aujourd’hui, ou du moins, plus de cette manière, et pour moi, c’est une très bonne chose. Mais justement, je trouve que ça fait de Boys Over Flowers un objet intéressant, et une fois que l’on a compris le modus operandi du drama, paradoxalement, je ne l’ai pas trouvé dénué de charme sur certains aspects.

Pour rappel, en 2009 en France, Patricia Kaas représente le pays à l’Eurovision, et « LOL » sort au cinéma. « OSS 117 », « Gran Torino », et « Avatar » aussi. Sarkozy est président, Obama vient d’être élu aux Etats-Unis. Justin Bieber s’apprête à exploser sur la scène internationale, et MySpace est au top de sa forme. C’était quand même l’époque où on faisait ce genre de choses :

Boys Over Flowers s’inscrit dans une époque, et ne peut être transplanté, en l’état, dans la nôtre. Pourtant, aujourd’hui, on peut observer que son influence a été bien réelle.

Des « boys over flowers » en 2025 ?

Outre le fait que les principaux acteurs du drama soient devenus des stars quasi du jour au lendemain, (surtout Lee Min-oh, qui est vraiment devenu une superstar en Corée et en Asie), le look des « flowers boys » est en fait, très actuel.

En Coréen, il existe un mot : Kkothminam. Cela signifie « bel homme », et est l’équivalent de « bishonen » en japonais (rappelons que la Corée a été pendant plusieurs années sous contrôle du Japon). Ces termes définissent de beaux jeunes hommes au charme androgyne, avec un goût pour la mode et la beauté. Et notre groupe du F4 de Boys Over Flowers en est un parfait exemple. Tenues pastels, motifs floraux, apparences soignées, les F4 deviennent ambassadeurs d’une nouvelle image de la virilité. L’homme asiatique des années 2000 n’est plus un macho agressif, mais un homme doux, voire un peu efféminé. Il utilise des crèmes pour le visage, sent bon et prend soin de lui.

Ajoutons à cela que la Hallyu ne fait souvent pas les choses au hasard, et cet engouement masculin pour les produits de beauté, l’apparence et le style, ne peut qu’arranger l’industrie de la mode et de la beauté. Je vous conseille de jeter un œil à l’article « K-pop Soft power et Culture globale » pour en savoir plus sur les liens entre Hallyu et consommation, et sur l’émergence d’une nouvelle masculinité. Et de lire cette thèse assez passionnante (en anglais) sur le lien entre Boys Over Flowers et les nouveaux modèles masculins que le drama propose.

Quinze ans plus tard, le concept continue son chemin. Les groupes de K-pop et les idoles perpétuent cette image de « flower boys » à la virilité douce, à l’allure androgyne et délicate, qui s’affranchit des codes du genre. Et preuve qu’il est passé sur le devant de la scène, le « flower boy » s’appelle désormais Timothée Chalamet, Jacob Elordi, Pedro Pascal, ou encore Harry Styles.

Et malgré tout, c’est quand même drôle

Bien que les points abordés dans les drapeaux rouges ne fassent pas rigoler du tout, et ne soient pas à prendre à la légère, Boys Over Flowers est très drôle, même si je ne sais pas si c’était vraiment l’effet escompté. En effet, j’ai découvert qu’il faisait partie de la catégorie de drama « Makjang ».

Makjang : terme utilisé principalement pour désigner des lignes d’intrigue extrêmes ou très irréalistes (adultère, vengeance, viol, secrets biologiques, maladies mortelles) et qui sont développées de manière à accrocher le spectateur, et le pousser à regarder l’épisode suivant.

Il faut reconnaître que cela s’applique plutôt bien à Boys Over Flowers. Entre les kidnappings, les licenciements (la faute à la mère démoniaque de Jun Pyo, ça), les bastons, les trahisons, celui qu’on croyait mort mais en fait non, le mariage imposé, l’amnésie, les quasi-noyades et bien d’autres coups de théâtre, chaque épisode propose son lot de rebondissements. Au début, j’étais un peu perplexe, mais rapidement, j’ai trouvé ça vraiment drôle. C’est tellement too much, que ça en devient comique. Je me demandais à chaque fois ce que les scénaristes allaient bien pouvoir inventer dans le prochain épisode pour donner encore plus de fil à retordre à nos héros (parce qu’on est d’accord, si les personnages avaient des relations saines, basées sur la communication verbale la plus basique, il n’y aurait pas eu de série).

Les personnages en eux-mêmes sont aussi too much de mon point de vue. Et j’ai beaucoup ri d’eux. Vous avez les quatre garçons, les F4, qui sont quand même lourdement caractérisés. Je sais que cela s’appuie en grande partie sur le manga, donc je ne jette la pierre à personne, mais les personnages ne font pas vraiment dans la finesse. Ils ont tous des histoires familiales compliquées, et conduisent de grosses voitures qui vont vite. Et puis les looks quoi. Allez, pour le plaisir des yeux, on passe ça en revue.

Gu Jun-pyo (joué par Lee Min-ho) : le big boss du lycée et héritier de Shinhwa, option gros noeunoeud (de cravate, bien sûr).

Jun-pyo a donc une mère machiavélique, un père en mauvaise santé, et une grande sœur plutôt sympa, mais qu’on ne voit pas beaucoup. Il est cruel, suffisant, et immature, mais grâce au pouvoir de l’amûûûr, il va changer. Enfin, en partie. C’est assez dur de s’y attacher tellement il est imbuvable au début, mais bon, petit à petit, on se dit qu’il y a quand même quelque chose à sauver.

Joon Ji-hoo (joué par Kim Hyun-joong) : le prince Disney

Regardez-moi cette dégaine. Au moins, on échappe à la coloration douteuse parce qu’il y a la bombe, mais on dirait un cosplay de prince Disney. Tout y est, le cheval blanc, la veste blanche à boutons dorés, légèrement entrouverte sur un combo gilet-cravate, l’air un peu benêt.

Ji-hoo est donc le musicien mélancolique (remember le violon dans les bois). Il est orphelin, pour encore plus de mélancolie et de solitude. C’est un personnage qui m’a un peu saoulée, je ne vous le cache pas.

So Yi-jung (joué par Kim Bum) : le playboy potier

Avec sa tête d’enfant, Yi-jung est donc censé être un gros séducteur. C’est assez rigolo, parce que, pour moi, ça n’est pas vraiment crédible. Mais bon, passons. Il est doué en poterie et est un artiste mondialement connu (alors qu’il est au lycée, oui, oui).

Ga-eul, la meilleure copine de Jan-di va avoir un gros crush sur lui, mais comme il est un « mauvais garçon », il la repousse (du moins dans un premier temps hihihi). Il a une histoire de premier amour un peu tirée par les cheveux.

Il conduit aussi une grosse voiture, mais on dirait qu’il a piqué la voiture de ses parents (avec qui les relations sont tendues, bien sûr). Il a l’air tout petit dedans, ça fait un contraste assez marrant. Pareil pour les vêtements, on dirait qu’il nage dedans, ça lui va bien, mais il y a comme un problème de cohérence.

Et le meilleur pour la fin, Song Woo-bin (joué par Kim Joon) !

Oui, toi ! Il est tout surpris le pauvre, parce que dans ce drama de 25 épisodes, il doit avoir en tout et pour tout, une dizaine de réplique dont la moitié est : « Yo Bro ! ». Pourtant, il est assez chouchou, on sent qu’on peut compter sur lui, et il a un beau sens de l’amitié. Il n’échappe pas à l’histoire familiale compliquée : son père gère une énorme société de construction, mais ouh lala, a des liens avec la mafia !

Ça le complexe un peu par rapport à ses camarades, il ne se sent pas toujours à la hauteur, étant le fils d’un malfrat (chaton, il a même une scène où on dirait qu’il va se jeter d’un pont)(mais en même temps, il a 3 répliques à ce moment-là, on ne l’a jamais entendu parler aussi longtemps). C’est aussi un playboy, voilà, pas grand chose à dire d’autre puisqu’on ne le voit quasiment jamais. Et c’est dommage, je crois que c’est mon préféré des quatre (y a-t-il un rapport avec son peu de temps d’apparition à l’écran ? Je ne sais pas).

La réplique culte

Voilà, donc rien que nos quatre BG du lycée sont quand même bien kitschos, et la réalisation l’est aussi, il faut le dire. En 2025, l’image et le son font un peu old school. Mais justement, je trouve que ça participe aussi à la distanciation avec le drama, et permet de ne pas le prendre trop au sérieux.

La musique, oui, la musique

L’OST de Boys Over Flowers m’a pas mal plu. Les chansons sont réutilisées tout au long de la série, mais ça ne m’a pas dérangée. A noter que deux des F4 sont aussi chanteurs, et leurs groupes ont été mis à contribution. La musique du générique d’intro, « Paradise », est de T-max, groupe auquel appartenait Kim Joon (le fils de mafieux). Cette intro, elle dépote ! Elle est bien de son époque aussi, il faut dire. Et la chanson de fermeture, « Because I’m stupid », est du groupe SS501, dont faisait partie Kim Hyun-joong (le violoniste des bois).

Mais ce que j’ai préféré, ce sont les musiques instrumentales. Je ne suis pas hyper fan des chansons à vrai dire, mais plutôt des instrus, surtout la version instrumentale de « Because I’m stupid », que je trouve très belle. Malheureusement, elles n’est pas évidente à trouver, la seule version que je connais est celle-ci, qui n’est pas d’une super qualité, mais qui a le mérite d’exister :

Et enfin, sachez qu’il existe quatre vidéos musicales, une pour chaque « flower boy », qui font un peu durer l’histoire : F4 After Story. Par contre, c’est en coréen non sous-titré, donc accrochez-vous !

Chaque chanson est interprétée par le comédien qui apparaît dans la vidéo (enfin, si j’ai bien compris hein).

Donc on regarde ou pas ?

Eh bien, ça, c’est à vous de voir (héhé). Moi, je pense que oui, à condition de ne pas être rebuté par les thèmes violents, et en gardant bien à l’esprit que les représentations de ce type ne peuvent plus avoir cours aujourd’hui, qu’elles sont condamnables et maintenant condamnées. Pour être honnête, je suis plutôt contente de l’avoir vu adulte, j’ai eu ainsi suffisamment de recul pour ne pas prendre les choses trop à cœur, et je me suis laissée entraîner dans l’histoire (enfin, les multiples méandres de l’histoire plutôt). En terme de jeu, ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais c’est correct (petite réserve pour notre violoniste forestier que je ne trouve pas hyper expressif). On retrouve des thèmes qui fonctionnent : la difficulté à s’intégrer, les différences de classe et de statut en Corée du Sud, et surtout l’amitié. D’ailleurs, pour moi, plus qu’une histoire d’amour, c’est avant tout une histoire d’amitié. Entre les deux filles, Jan-di et Ga-eul, avant que leur histoire ne tourne à l’horreur, et bien sûr, entre les quatre garçons.

Et surtout, c’est une capsule temporelle ce drama. Il a sûrement marqué son époque, et en traînant sur des forums, je me rends bien compte qu’il a une place à part pour nombre de fans de k-drama. Pour moi, il restera un exemple de ce qui se faisait à cette époque, et qui a donné le coup d’envoi au genre. Une sorte de repère historique en quelque sorte. Écrire cet article m’a donné l’occasion d’utiliser la police Comic Sans, ce qui n’arrive pas tous les jours, de mettre des GIFs à tour de bras (et encore, je me suis retenue) et j’ai presque entendu le « toudoudou » de MSN Messenger résonner à mon oreille. (Je mens, je l’ai très clairement entendu)(Toudoudou)

WIZZ !

logo du site quoicoree.com, un site sur la Corée du Sud

La réalité derrière les paillettes et les balayages cuivrés

Malheureusement, et ce ne sera pas une surprise si vous êtes familiers des dramas ou de la kpop, cet univers si coloré et joyeux cache une face plus triste. Ce n’est pas si surprenant, plus la médaille est brillante, plus son revers est sombre, et les suicides sont malheureusement légions en Corée du Sud globalement, et plus encore dans le milieu du divertissement.

En l’occurrence, là, il s’agit de deux comédiens de la série qui se sont donnés la mort : Jang Ja-yun, qui joue l’une des trois filles harcelant Jan-di à l’école, et Moonbin, plus connu comme membre du groupe Astro. Il joue So Yi-jung jeune dans Boys Over Flowers. Jang Ja-yun s’est suicidée en 2009, peu de temps avant la fin de la série, et a laissé une lettre derrière elle dénonçant des abus sexuels commis par plusieurs personnes haut placées dans le milieu du divertissement. L’enquête, à cette époque, n’a pas été menée correctement et a été réouverte en 2018, conduisant à la condamnation du directeur de son agence. Moonbin, quant à lui, poursuivait une carrière de chanteur de K-pop, et s’est suicidé en 2023, à l’âge de 25 ans.
A cette triste liste, nous pouvons ajouter Jonghyun, le chanteur du groupe SHINee qui interprète l’un des titres phare de l’OST : « Stand by Me ». Apparemment dépressif, il met fin à ses jours en 2017, à l’âge de 27 ans.

Dans un autre registre, toujours pas vraiment joyeux, le comédien Kim Hyun-joong (celui qui joue du violon aux arbres) s’est retrouvé au cœur d’un scandale en 2014, et d’une bataille juridique de 6 ans. Son ex-petite amie de l’époque l’a accusé de violences physiques envers elle. Il a reconnu les faits et s’est excusé publiquement. En 2015, elle accouche d’un bébé, qui, après des tests génétiques, se révèle bien être l’enfant de Kim Hyun-joong. Plus tard dans l’année, elle annonce publiquement avoir déjà été enceinte l’année précédente, mais a fait une fausse couche suite à des violences de l’acteur à son encontre. Kim Hyun-joong contre-attaque pour diffamation, et pour non-respect des accords convenus : il lui avait déjà donné une somme d’argent à ce sujet, en échange d’un accord de confidentialité. Finalement, il est apparu que les preuves que l’ex-petite amie avançait étaient fausses, et Kim Hyun-joong la poursuit pour diffamation, chantage, et fausse accusation. Après des enquêtes et des procès, elle est condamnée à lui payer une forte somme d’argent pour avoir endommagé sa réputation. Je résume parce que franchement, c’est un sac de nœuds cette histoire. En gros, il a reconnu avoir été violent avec elle, mais elle a menti en l’accusant d’avoir provoqué une fausse couche (du moins, il n’y avait pas assez d’éléments pour le prouver d’après le tribunal).